S.E.A

Traduction d'après le journal des soigneurs du Sheldrick Wildlife Trust par Laurence Cornet-Noel

Notre dernière recrue, Arthi, trouve peu à peu ses marques à la nurserie. Le petit éléphanteau timide qui est arrivé en août a laissé place à un éléphant sociable et extraverti qui s'est vraiment attaché à ses gardiens. À l'heure du repas, il mène le troupeau avec assurance, avale son biberon en laissant couler quelques gouttes sur le sol, puis en redemande !

Arthi est également notre nouveau chanteur. Il semble que ce soit une loi de la nature : lorsqu'un orphelin bruyant quitte notre troupeau de la nurserie, un autre prend sa place. Weka, notre ancienne chanteuse, vient d'obtenir son diplôme et nous avons maintenant un nouvel éléphant bruyant : Arthi ! Il adore crier pour réclamer son lait, de jour comme de nuit. La nuit, nous l'entendons appeler pendant que nous préparons le lait. Il sert de réveil aux autres pour leur signaler que leurs biberons sont prêts.

ArthiMzinga etKkamili

Le mois a commencé par quelques incidents liés au vol de collations. Après que les orphelins se soient installés dans leurs palissades pour la nuit, les voisins Taroha et Nyambeni ont commencé à voler les végétaux de Kamili dans le cadre d'une opération à deux volets. Nyambeni a passé sa trompe à travers les interstices pour en arracher un bouquet. Lorsque Kamili s'est retournée pour défendre ses végétaux, Taroha a passé sa trompe à travers les interstices et a fait de même. La pauvre Kamili se tournait dans tous les sens pour essayer de défendre sa réserve !

Lorsque les orphelins sortent de leur enclos tôt le matin, Maxwell sort souvent de son abri et attend qu'ils passent devant sa porte. Taroha, Olomunyak, Pardamat, Kerrio et Kamili s'arrêtent souvent pour saluer le rhinocéros noir aveugle sur le chemin de la forêt. Max reste immobile pendant ces interactions, savourant l'attention qu'ils lui portent lorsqu'ils posent leur trompe sur sa tête. Un matin, Kerrio l'a taquiné en donnant un coup de pied dans sa porte. Max s'est mis à courir — autant qu'un gros rhinocéros peut courir — joyeusement autour de son enclos, balançant son énorme tête et soulevant des nuages de poussière.

MaxwellMuridju, Kepekee et Kamili

Tout le monde est extrêmement protecteur envers leur grand ami rhinocéros. Rompant avec leur routine, les phacochères ont rendu visite à Maxwell très tôt un matin. Max se reposait encore sur son lit de paille et les éléphants étaient encore dans leur enclos lorsque les visiteurs sont arrivés. Les cochons ont commencé à se battre, ce qui a réveillé Max. Il a essayé de séparer les phacochères, mais ils étaient complètement enchevêtrés et aucun des deux ne voulait s'arrêter. Entendant le vacarme, Taroha, Kamili, Wamata, Olomunyak et Nyambeni se sont agités et ont commencé à barrir et à pousser leur tête contre les portes. Lorsque nous avons ouvert leurs portes quelques minutes plus tard, Max avait chassé les phacochères qui se battaient et mangeait paisiblement des granulés avec la femelle restante. Néanmoins, les cinq éléphants se sont dirigés directement vers sa porte pour vérifier que tout allait bien !

Talek est très soignée. Contrairement à Pardamat et Olomunyak, qui mangent de manière désordonnée, Talek aime finir chaque goutte de lait et chaque cube de fourrage. Elle est également imperturbable, parfois même trop pour son propre bien. Même lorsque les autres orphelins la bousculent, elle ne réagit pas et ne riposte pas. Un matin, dans la boue, la petite Kipekee a poussé Talek si fort qu'elle a failli tomber. Calme, Talek a retrouvé son équilibre et a repris son repas. Son attitude de « tendre l'autre joue » est inhabituelle pour une éléphante aussi jeune.

« Espiègle Kipekee » devient un thème récurrent : notre petite femelle gâtée déborde de confiance en elle et adore faire des bêtises. On dirait que nous avons une petite Wendi en devenir. Nous attribuons l'insolence et la confiance de Kipekee à son équipe de sept nounous, Kerrio, Kamili, Latika, Nyambeni, Muridjo, Mzinga et Talek. Elle sait qu'elle peut tout se permettre, et c'est ce qu'elle fait.

Kerrio Talek

En fait, les nounous s'occupent de Kipekee comme s'il s'agissait d'une opération militaire à haut risque. Contrairement à la plupart des bébés, Kipekee ne semble pas avoir de nounou préférée. Les femelles plus âgées travaillent efficacement en équipe, avec au moins une d'entre elles toujours présente. Kipekee reste docilement debout pendant qu'une nounou arrive et qu'une autre part. Par exemple, Mzinga était de service auprès de Kipekee un matin. Lorsqu'un gardien a ouvert la porte de l'étable du bébé, il a trouvé Mzinga qui attendait dehors. Mzinga est entrée, a pris Kipekee et l'a conduite vers le troupeau. Muridjo, Nyambeni, Latika et Kamili sont immédiatement venues saluer et vérifier que Kipekee allait bien à l'extérieur de l'enclos. Quelques minutes plus tard, Mzinga, Kamili et Latika ont conduit le troupeau vers la forêt, laissant Muridjo et Nyambeni fermer la marche avec Kipekee. Peu après, Muridjo et Nyambeni ont confié la petite femelle à Kamili et Mzinga. Notre équipe de nounous est très bien organisée, elles se relaient pour s'occuper de Kipekee et veillent à ce qu'elle ne soit jamais laissée seule.

Latoka et KepekeeWamata et Tahora

En revanche, Latika a clairement ses préférés. Un matin, notre petite femelle capricieuse était d'humeur étrange et poussait tous ceux qu'elle croisait. En sortant de son enclos, elle a rencontré Pardamat et Talek, qu'elle a poussés sans ménagement. Taroha, Nyambeni et Olomunyak ont subi le même traitement, tout comme Muridjo, Mzinga et la petite Kipekee un peu plus loin. Kamili et Wamata n'ont toutefois pas été victimes de ce traitement. Latika a salué ses camarades du même âge et son bébé préféré, puis s'est installée pour brouter avec Wamata, comme elle le fait tous les jours.

Pardamat et Olomunyak sont à égalité et aiment jouer – en général ! Le plus souvent, ce sont les jeux qui sont lancés par Olomunyak, l'actuel meneur de jeu de notre troupeau. Un matin, il s'est approché de Pardamat par derrière et lui a donné une poussée. C'était peut-être une invitation à jouer, mais elle n'a pas été bien accueillie. Trompettant, Pardamat s'est retourné et les deux mâles se sont affrontés dans un sérieux combat de force. Heureusement, Pardamat s'est rapidement calmé, nous n'avons donc pas eu à intervenir.

Taroha est un mâle unique. Ses défenses poussent et il est désormais le plus vieux mâle du troupeau, mais il reste le plus gentil ! Un matin, dans la brousse, ce gentil éléphanteau tirait des branches pour les jeunes orphelins qui ne pouvaient pas atteindre les feuilles savoureuses. Non seulement il nourrissait Olomunyak, Wamata et Talek, mais il les touchait aussi avec sa trompe pour vérifier qu'ils allaient bien. Taroha est un mâle très inhabituel.

Taroha est peut-être le plus vieux mâle du troupeau, mais il a toujours peur de la pluie, surtout la nuit. Une nuit pluvieuse signifie une nuit blanche pour Taroha et tous ceux qui se trouvent à proximité. Dès les premières lueurs du jour, il pousse nerveusement sa porte pour nous faire savoir qu'il veut sortir et rejoindre le troupeau. Olomunyak, toujours aimable, prend souvent soin de le réconforter après ces nuits agitées.

L'arrivée de Kipekee et Arthi a détrôné Wamata de son statut de bébé de la nurserie. Wamata a fini par accepter sa nouvelle position et se comporte presque toujours gentiment avec sa petite sœur et son nouveau frère. Un jour, cependant, Wamata n'a pas pu s'empêcher de donner un coup de pied à Kipekee alors qu'elle broutait dans la forêt. La petite femelle est tombée et la femelle légèrement plus grande s'est enfuie. Elle savait qu'elle avait été méchante et courait se cacher avant que Kerrio ne puisse la punir !

Le 11 septembre a été une journée très spéciale. Le KWS a sauvé un rhinocéros noir orphelin dans le nord du Kenya et a demandé qu'il soit élevé à la nurserie. Le jeune rhinocéros âgé d'environ un an a été sauvé parce que sa mère était morte. Bien qu'il ait une patte blessée, il est en bonne condition physique. Il s'est installé dans un enclos et s'est rapidement attaché à ses gardiens, qui continuent de lui tenir compagnie jour et nuit pendant sa convalescence. Il est calme et un peu méfiant, mais pas agressif.

Titan

Exactement une semaine plus tard, un autre sauvetage est arrivé aux enclos : un bébé zèbre ! La petite femelle a été trouvée seule, couverte d'ecchymoses, sur une route, sans sa mère ni son troupeau. Elle était calme et tranquille lors de son premier jour à la nurserie de Nairobi. Au cours des semaines suivantes, elle et le rhinocéros sont devenus de très bons amis.

À mesure qu'elle grandit et commence à devenir trop grande pour la nurserie, le leadership de Kerrio évolue. Aujourd'hui, elle est moins présente au sein du troupeau et se tient davantage en périphérie. Elle reste une matriarche fabuleuse, mais elle laisse de plus en plus ses assistantes s'occuper des bébés et n'intervient qu'en cas de problème. Kerrio est la plus vieille éléphante du troupeau, et elle semble en être consciente. Certains jours, elle marche derrière le troupeau à distance ; d'autres jours, elle est la dernière à sortir du bain de boue et part dans une direction différente plutôt que de rattraper le troupeau. Kerrio est une énigme : une mini-matriarche responsable qui se comporte également comme un mâle dominant.

Kamili connaît elle aussi une évolution. Parmi toutes les femelles de la nurserie ces dernières années, elle se distingue comme l'une des moins maternelles. Du moins, c'était son caractère jusqu'à l'arrivée de Kipekee et le départ de Sileita, Mushuru, Sholumai et Weka. Depuis lors, notre femelle indépendante s'est transformée en une grande sœur attentionnée. Elle est très dévouée à la petite Kipekee et passe volontiers des heures à s'occuper d'elle.

Olomunyak est notre charmant petit glouton. Ce vilain mâle a trouvé un coin par lequel il peut se faufiler pour accéder au magasin de granulés. Lorsque le troupeau se dirige vers la forêt le matin, il disparaît habilement et savoure avec bonheur son festin privé. Il ne craint jamais d'être laissé pour compte, car il est trop occupé à remplir son gros ventre.

Olommuyak et PardamatNambeni et Mzinga

Nyambeni a toujours été une nounou attentionnée, mais elle a parfois des sautes d'humeur et pousse les jeunes éléphants sans raison, affichant un comportement similaire à celui de Kamili. Un matin, dans la mare de boue, Nyambeni a poussé Wamata par derrière. Wamata a roulé dans l'abreuvoir, le renversant, et a pris un bain supplémentaire. Après coup, Nyambeni est allée voir la jeune femelle et l'a touchée avec sa trompe, comme si elle regrettait son geste.

Mzinga est devenue la meilleure amie du rhinocéros. Notre jeune femelle au grand cœur n'exclut personne et aime se lier d'amitié avec tout le monde, quelle que soit l'espèce ! Elle est très intriguée par le nouveau rhinocéros et profite de chaque occasion pour lui rendre visite. À plusieurs reprises, elle s'est même cachée derrière des buissons et s'est faufilée dans l'enclos pour pouvoir se lier d'amitié avec le rhinocéros. Au début, il ne savait pas trop ce qu'elle mijotait, mais notre gentille petite femelle n'a pas abandonné. Elle est restée debout devant la barrière jusqu'à ce qu'il se calme et lui permette de poser sa trompe sur son corps. Mission accomplie, Mzinga est retournée de son plein gré vers le troupeau.

Le mois de septembre s'est terminé par un retour à la case départ dans la saga du vol de snacks. Se souvenant peut-être du vol effronté qui avait eu lieu plus tôt dans le mois, Kamili faisait ses propres réserves de granulés en prenant des tonnes dans la pile de Nyambeni. Notre « kali mama » ne semblait pas s'en soucier, allongée sur son lit de paille. Nyambeni était peut-être trop fatiguée après une autre journée bien remplie à brouter et à jouer à la nurserie de Nairobi !

Photos créditent DSWT

  Nous rappelons que pour les nouvelles et les photos nous sommes tributaires du Sheldrick Wildlife Trust et ne pouvons fournir que les informations remises concernant les orphelins, sans oublier que les traductions sont faites bénévolement sur du temps personnel.

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