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Traduction d'après le journal des soigneurs du Sheldrick Wildlife Trust par Laurence Cornet-Noel

 

Depuis que Kipekee a été sauvée en juin, elle a conquis le cœur de tout le monde à la nurserie, mais surtout celui de Muridjo.

Ce mois-ci a commencé avec Muridjo sortant de son enclos dès l'aube et se dirigeant directement vers l’étable de Kipekee. Aller voir la petite femelle le matin est devenu une habitude quotidienne pour elle ! Nous avons ouvert la porte, Kipekee est sortie en titubant, Muridjo a grogné et a escorté le bébé jusqu'au chemin. Bien que la mini matriarche Kerrio soit toujours là en arrière-plan, gardant un œil sur tous les membres du troupeau, Muridjo s'occupe de plus en plus des petits.

Kipekee et MuridjoMzinga et Arthi

En se rendant dans la forêt le matin, Mzinga s'arrête souvent pour saluer Maxwell, notre rhinocéros noir aveugle. Elle se tient près de sa porte, grognant tout en poussant sa tête contre celle-ci, produisant un cliquetis. Le bruit excite Max, qui se promène dans son enclos, trottant en cercles d'un pas vif. L'éléphant et le rhinocéros se tiennent de chaque côté de la porte pendant un moment de calme avant que Mzinga ne remonte le chemin pour rejoindre le troupeau.

La petite Kipekee n'a que trois mois, soit plus d'un an de moins que Wamata, la deuxième plus jeune du troupeau de la nurserie. Jusqu'à ce qu'elle soit sauvée, Wamata n'avait aucune concurrence et était la préférée de tous. Maintenant qu'elle est la « deuxième née », elle éprouve naturellement une certaine rancœur envers Kipekee.

Un matin, fait vraiment rare, Kipekee s'est retrouvée seule pendant une minute. Voyant là une occasion à saisir, Wamata s'est approchée et lui a donné un coup de pied jaloux. Kipekee a barri et les nounous ont réagi en quelques secondes, se précipitant pour défendre leur petite femelle. Nous avons souri en voyant notre femelle indépendante, Kamili, à la tête du groupe de sauvetage. Elle s'intéressait peu aux bébés auparavant, mais cela semble changer.

WarmataKerrio

Dans l'ensemble, cependant, Wamata apprend à accepter Kipekee. Au fil du mois d'août, elle a semblé comprendre que Kipekee n'était pas une menace, mais simplement un très jeune bébé. Peu à peu, son comportement a changé. À la fin du mois, nous avons même vu Wamata vérifier calmement que Kipekee allait bien en la touchant tendrement avec sa trompe et en jouant même avec elle. Elle s'est allongée sur le sol à côté d'elle, s'est roulée par terre et a laissé Kipekee lui donner des coups de tête dans le ventre !

Le soir du 4 août, un nouveau sauvetage est arrivé à l'enclos. Le mâle âgé d'un an était traumatisé, mais en assez bonne forme physique. Il a accepté une bouteille de lait glissée à travers les interstices du mur de son enclos, mais restait très méfiant envers les gardiens.

Les allées et venues se sont poursuivies le 6 août, jour de la remise des diplômes pour nos petits coquins de la nurserie, Shujaa et Weka ! Les orphelins qui quittent la nurserie partent toujours très tôt le matin afin de voyager lorsque les routes sont calmes et d'arriver à temps pour la tétée du matin. Deux gardiens les accompagnent, et l'un d'eux reste jusqu'à ce qu'ils soient installés dans leur nouvelle maison.

Shujaa et WekaNyambeni et Olomunyak

La remise des diplômes s'est bien déroulée. Peu de temps après, Weka et Shujaa étaient en sécurité dans le camion de déménagement, en route vers leur nouvelle vie à Tsavo. Le lendemain matin, le troupeau s'est rendu dans la forêt comme d'habitude. Les autres savaient que Weka et Shujaa étaient partis, mais ils se sont comportés normalement et semblaient accepter le changement. Ils ont brouté dans la forêt, se sont rendus au bain de boue pour boire leur lait et prendre des bains de poussière, puis sont retournés à l'enclos en fin d'après-midi.

L'obsession pour Kipekee a même créé une vive compétition entre nos meilleures amies, Mzinga et Nyambeni. Lorsqu'elle est sortie de son enclos un matin, Mzinga et Nyambeni se sont précipitées vers elle. Debout à côté d'elle, Mzinga a d'abord poussé Nyambeni, puis Nyambeni a riposté. Les bousculades ont continué alors qu'elles se disputaient le privilège d'escorter Kipekee jusqu'à la forêt. Finalement, la petite femelle s'est mise à pleurer pour protester : elle était coincée entre les deux femelles plus âgées et incapable de bouger !

Talek et Pardamat restent nos rivaux préférés. Ils sont les meilleurs amis du monde la nuit, car ils dorment dans des enclos voisins, mais ils adorent se chamailler pendant la journée. Après avoir bu leur lait, ils se sont approchés de la brouette, espérant passer inaperçus. Talek cherchait à récupérer les gouttes restantes au fond de la brouette, tandis que Pardamat voulait s'emparer d'un biberon supplémentaire. Aucun des deux ne tolérait la présence de l'autre, car ils voulaient tous deux la pole position. Une dispute a éclaté et nous avons dû séparer les deux « frères ».

Talek er Pardamat

Latika est une femelle très féminine, surtout lorsqu'il s'agit de son bébé préféré, Wamata. En revanche, elle semble trouver les éléphants mâles plutôt ennuyeux. Elle les tolérait auparavant, mais depuis le départ de Sileita, Sholumai, Mushuru et Muwingu, elle est devenue moins patiente. Un matin, lorsque Olomunyak, Pardamat et Taroha ont essayé de courir vers le bain de boue pour boire leur lait, Latika leur a barré le chemin. Nous sommes intervenus et elle les a laissés passer, mais quelques minutes plus tard, elle a donné à chacun des mâles une poussée injustifiée.

Kerrio est actuellement la mini-matriarche du troupeau de la nurserie et une leader très responsable. Le matin, elle vérifie rapidement que tous les membres de son troupeau sont bien présents lorsqu'ils sortent de leur enclos, puis elle remonte lentement le sentier, choisissant où s'arrêter pour brouter. Une fois dans le champ, elle confie la garde et la responsabilité des petits comme Kipekee, Olomunyak et Pardamat aux nounous adjointes Muridjo, Kamili, Nyambeni et Mzinga. Comme on pouvait s'y attendre, Wamata est pris en charge par Latika. Kerrio broute ensuite à une petite distance, mais reste suffisamment proche pour intervenir en cas de problème.

Latika et pardamatTahora

Après lui avoir laissé une semaine pour décompresser, le 12 août était le premier jour où notre nouvelle recrue sortait avec le troupeau. Il s'était tellement calmé depuis son sauvetage que nous savions qu'il était prêt pour cette étape. Nous avons escorté Kerrio, Nyambeni, Mzinga, Talek et Olomunyak jusqu'aux enclos et avons ouvert sa porte. Les autres sont restés dehors pendant que Kerrio entrait, le touchait avec sa trompe et le guidait vers la sortie. Olomunyak et les femelles se sont rassemblées autour de lui, le touchant avec leur trompe et grognant. Le nouveau venu était calme et tranquille.

Pardamat n'est pas seulement espiègle, il est aussi joueur et aventureux. Il adore partir en exploration, mais déteste être laissé pour compte ! Un matin froid et pluvieux, Pardamat a décidé de suivre son propre chemin et a disparu dans les arbres. À l'heure du biberon, nous avons entendu des barrissements puissants provenant de la forêt. C'était Pardamat ! Notre mâle fougueux ne trouvait pas le troupeau et faisait beaucoup de bruit. Kerrio et Muridjo sont immédiatement retournées le chercher pour rétablir le calme.

Avec le départ de Shujaa, notre troupeau de 13 éléphants ne compte plus que quatre mâles : Taroha, Pardamat, Olomunyak et le nouveau venu. À trois ans et demi, Taroha est devenu le plus âgé des mâles, mais il est aussi le plus doux et le plus protecteur. C'est un éléphanteau atypique, car il veille sur les plus jeunes orphelins et intervient pour les protéger s'ils sont menacés. Il joue tous les jours avec Olomunyak et Pardamat, mais ne fait jamais usage de sa force malgré son avantage.

À la fin du mois, nous nous sommes demandé si Kipekee était déjà en train de devenir un bébé gâté. La plus jeune et la plus mignonne des bébés de la nurserie n'est jamais sans au moins une nounou attentionnée. Très rapidement, elle a gagné non seulement en force, mais aussi en confiance !

Nous nous en sommes rendu compte lorsqu'elle a bu son biberon de lait de midi, puis s'est installée à côté de la brouette et en a exigé un deuxième, refusant de bouger tant que sa demande n'était pas satisfaite. Les gardiens, avec l'aide de Kamili, l'ont persuadée de marcher jusqu'aux prairies de l'autre côté de la mare, mais pas avant d'avoir été bousculés par cette petite effrontée. Kipekee n'a peut-être que trois mois, mais elle se comporte comme une éléphante plus âgée et sûre d'elle.

 

 Photos créditent DSWT

  Nous rappelons que pour les nouvelles et les photos nous sommes tributaires du Sheldrick Wildlife Trust et ne pouvons fournir que les informations remises concernant les orphelins, sans oublier que les traductions sont faites bénévolement sur du temps personnel.

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